Jour 9 : Lever de rideau

Le dernier numéro de Courrier International titre : Repenser le monde. Pourtant, les ventes d’armes à feu se sont envolées aux États-Unis ces deux dernières semaines sous l’effet de la pandémie de Covid 19, beaucoup d’américains amassant armes et munitions pour se prémunir contre d’hypothétiques émeutes. Hélios en frissonne. Un nouveau monde ! Bon, trois guerres en une, c’est trop ! La guerre contre le virus, ce n’est déjà pas gagné ; celle contre la peur, c’est compliqué, insidieux, ça va et ça vient ! Personne n’est épargné. Mais la guerre contre la connerie, c’est perdu d’avance. Albert Einstein, considéré longtemps comme un demeuré aurait dit. Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue. La connerie, justement, parlons-en. Un livre délicieux avait enchanté Hélios : « La psychologie de la connerie ». On nous prévient quand même en préambule ! La connerie, chacun la connaît : nous la supportons tous au quotidien. C’est un fardeau. Et pourtant les psychologues, spécialistes du comportement humain, n’ont jamais essayé de la définir. Mieux la comprendre pour mieux la combattre, tel est l’objectif de ce livre, même si nous sommes vaincus d’avance. Vaincus d’avance. Et pour conclure sur ce sujet sans fin, laissons la parole à l’inénarrable Tobie Nathan : La connerie est le bruit de fond de la sagesse. Alors, est-ce qu’il y a des possibilités de dépistage ? A grande échelle ? Cela pose le problème de la définition et des indicateurs. Et vu, qu’on est tous un peu cons, à tour de rôle, je crains le constat d’une pandémie non perçue, sans médicaments, sans armes. Ou alors, un test simple, peu couteux. Jean-Claude Van Damme, l’improbable philosophe a la solution. Selon les statistiques, il y a une personne sur cinq qui est déséquilibrée. S’il y a quatre personnes autour de toi qui te paraissent normales, c’est pas bon. Il suffit de remplacer déséquilibré par con et le tour est joué. Un test utilisable par chacun sans nécessiter de subir une longue file d’attente pour savoir si on l’est…contaminé. Mais ne pas le savoir n’est pas mal non plus ? Cela nous laisse l’illusion et l’espoir, se dit Hélios !

Il remet le podcast des chemins de la philosophie de France Culture avec Adèle sur les malentendus Nietzschéens. Deviens ce que tu es ! Bon là, mon cher Friedrich, tu déconnes ! Je connais ton goût pour les paradoxes, mais devenir ce qu’on est, c’est trop. Ce qu’on est, on l’est, non ? On nous aurait menti ? On serait quelqu’un d’autre ? Ou alors, peut-être c’est une question de mutation permanente, de transformations silencieuses, inconscientes. Une auto création permanente et spontanée. Alors, c’est JC Van Damme qui a encore raison : Ma devise, c’est toujours : se recréer. Il faut se recréer…a better you. Et ça c’est très dur ! Et, et, et, et….c’est très facile en même temps !

L’absurde de notre condition ! Il relut les dernières phrases du mythe de Sisyphe d’Albert Camus. Imaginer Sisyphe heureux à trimballer son caillou rétif. Là encore, JC Van Damme a une toute autre définition de l’absurde. Si tu travailles avec un marteau-piqueur pendant un tremblement de terre, désynchronise-toi, sinon tu travailles pour rien. Oui, c’est pas faux !

Hélios a conscience que l’humour grinçant a des vertus. Et il déteste se moquer de Jean-Claude Van Damme. Nous sommes tous sujets aux quolibets et moqueries peu bienveillantes. L’humour, c’est la politesse du désespoir aurait dit jean Cocteau. Mais en fait, on ne sait pas qui a dit cela. Hélios qui utilise à l’envie des aphorismes et citations se délecte encore plus de l’analyse édifiante qu’en fait Dominique Noguez, encore lui. Qui a écrit quoi ? Détournement de propos, décontextualisation, on peut faire dire à peu près ce qu’on veut à n’importe qui : les fake news ne sont pas d’aujourd’hui !

Oui, le moment est propice pour se moquer, appuyer nos traits et nos faiblesses, se foutre de soi. Cela n’enlève rien à la peur. Mais peut être que cela nous montre dans notre humanité à la fois dérisoire, fragile…se moquer des autres est une excellente manière de trouver un bouc émissaire. La moindre des choses, c’est de s’inclure dans les fautifs et les connards. On se sent moins seuls.

La newsletter d’Usbek et Rica nous l’annonce : Face à la crise, l’idée de revenu universel refait surface. Le média qui explore le futur fait son job. Là, il a du matériau en direct live et ses propositions parfois décalées n’ont jamais été autant synchrones. Comme quoi, ce qui apparaît fantaisiste à un moment peut devenir le top du top de l’innovation quelques heures plus tard. Nos certitudes en prennent un coup. Alors, le doute devient le moment idéal pour chercher des solutions locales, solidaires mais peut être mondiales. On peut toujours rêver que l’égoïsme ne résistera pas à la crise.

Tout à coup, il s’arrête de taper sur son clavier. Pourquoi fait-il cela ? Vu qu’il ne s’adresse à personne et qu’il ne l’expédie pas vraiment, ce texte. C’est un peu une bouteille à la mer cette missive ? Il trouve une réponse dans la poésie. Et la lettre de France Culture ce matin.

Si, je n’écris pas ce matin,
Je n’en saurai pas davantage,
Je ne saurai rien
De ce que je peux être.

Si j’écris, c’est disons pour ouvrir une porte.
Le plus curieux
J’ignore à quel moment se fait cette ouverture
D’ailleurs ce qui se lève c’est peut-être un rideau…

Toi, tu ne devines pas encore, vers quoi tu écris…

Oui, vers quoi. Ou plutôt vers qui ?

Enfin, Anabella est fidèle en textos à heure fixe. On a les routines qu’on aime !

Je t’envoie la photo d’Hervé.

Elle me donne envie de quitter le port. Même s’ils restent flous, confinés, les bateaux colorés peuvent être ceux de ma rêverie, en voyage intérieur : je te propose demain de me raconter ton voyage…de la nuit sous la forme que tu veux. Je viens de lancer une plateforme de haïkus (5-7-5) pour ceux qui se sentent. Je viens de recevoir le premier.

Aïe, Aïe des Haïkus !
Tombés du ciel, égarés
Tombés sur le…ku

Bon y’ a du boulot ! Porte-toi bien !

Je te joins la vidéo vintage de Boby Lapointe sur la leçon de guitare sommaire. Un monument !