Alors que la planète lutte contre une pandémie dont les impacts sont colossaux et dont la durée est faiblement prévisible, les affaires continuent et l’invention d’un futur se construit comme si de rien n’était. Dans ces affaires, une petite note passée en pertes et profits dans cette fin d’année tumultueuse nous a ébranlé. Pendant le monde lutte comme il peut contre un ennemi invisible, en très hauts lieux, et partout, on s’intéresse à une autre arme de destruction : le soldat augmenté, histoire de faire plus de dégâts aux adversaires et moins au soldat lui-même. Louable ? Vraiment ? France-Culture précise : La semaine dernière, Florence Parly, la ministre de la Défense, a annoncé que l’armée française se prépare à déployer des « soldats augmentés », c’est-à-dire des combattants dont les capacités physiques ou cognitives ont été augmentées grâce aux technologies. On peut penser à des exosquelettes qui permettent de porter des charges plus lourdes, à des implants cérébraux pour une interface cerveau/machine pour aider pendant les combats, ou encore à des opérations de la cornée pour augmenter les facultés visuelles. 

Heureusement (ouf !), sortir l’humain de ses limites naturelles ne se fait pas à la va vite (ouf encore !). Un comité d’éthique de la Défense a été créé en 2019 pour réfléchir sur les enjeux. Ce comité vient donc de donner son feu vert pour pousser les innovations militaires dans ce sens et pour ne pas risquer d’être en retard par rapport aux autres pays qui se lancent dans ces recherches. L’article de Usbek et Rica précise quelques limites. Le ministère de la défense ne veut PAS pour le moment avoir recours aux techniques dites « invasives », donc pas d’opérations chirurgicales ni d’implants. Chacune des « augmentations » fera l’objet d’analyses bénéfices/risques. La réversibilité sera également prise en compte. Les augmentations ne devront pas aller à l’encontre du respect de la dignité de la personne, ni porter atteinte à son libre arbitre.

On est vraiment rassurés. Bon, je retourne lire 1984 de Georges Orwell. En prenant connaissance des informations précédentes et en relisant le quotidien du monde Orwellien, je me dis que l’on n’a pas besoin d’un Big Brother surpuissant pour imaginer le pire. Quand on s’y met tous, notre imagination est sans fin. 

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