Anabella s’interroge. Quel chemin ? Avant la marée ou après ? Faut-il suivre les sillons qui se dessinent ou écouter les signaux faibles. Ou d’autres voies ? Prêter l’oreille à d’autres voix ? C’est ce qui lui inspire la belle photo d’Hervé.

Chemins

Faut-il suivre les sillons qui se dessinent ou écouter les signaux faibles.

En regardant les nouvelles du jour, elle voit que Frida avait raison.  On y est. Le festival des appels à contributions est ouvert pour l’après. Il y a même une Académie du monde d’après qui commencera. Les plateformes se multiplient et chacun a la possibilité, comme il veut, à sa mesure, d’exprimer des idées, des propositions. Dans son billet du jour, la philosophe Cynthia Fleury précise : L’après commence dans cette saisie du mur. Il faut enfin le voir, ce mur. Comme un principe de réalité, irréductible. C’est une vieille vérité que celle-ci : ne jamais laisser passer l’occasion de se saisir du principe de réalité ; là se joue la résilience possible, là seulement. Le mur a pris aujourd’hui des allures virales..

Anabella pense aux propos d’Alex sur les raisons du développement des territoires des confins. Le premier point notamment sur la mise en lumière d’insupportables injustices quant effets du covid-19, partout sur la planète. Or, le rapport d’Oxfam indique aujourd’hui : un demi-milliard de personnes supplémentaires dans le monde pourraient basculer dans la pauvreté en l’absence de plans de soutien rapides pour les pays les plus démunis, affirme l’ONG Oxfam. Dans un rapport intitulé « le prix de la dignité », Oxfam indique qu’entre 6% et 8% de la population mondiale pourrait basculer alors que des économies entières sont mises à l’arrêt afin de maîtriser la propagation du virus. 

Elle repense à cette résilience dont il est beaucoup question aujourd’hui. Résilience ? Cela renvoie à la capacité à encaisser les chocs et à faire face, se relever. Et si la résilience était facilitée par une autre déformation possible : la plasticité. Anabella se souvient de cette notion développée dans l’étude du cerveau, la plasticité cérébrale. Elle cherche le nom de la philosophe qui a élargi le concept à la capacité à se relever face aux évènements. Ni adaptabilité ni flexibilité qui peuvent souvent renvoyer à la résignation. C’est Catherine Malabou qui l’affirme : Le plastique c’est fantastique. Au travail, dans la vie ou la pensée, être plastique, ce n’est pas se plier à tous les vents, c’est s’ouvrir de l’intérieur à une forme nouvelle.

Il ne s’agit d’une nouvelle manière de nommer une soumission aux règles du marché et à son idéologie. Elle le précise d’ailleurs ensuite : Cette idéologie suppose que les individus soient pliables dans tous les sens, sans seuil de résistance. Être flexible au travail, c’est être prêt à changer de poste, de lieu, de cadence, c’est obéir à des consignes qui ne sont plus celles de chefs autoritaires mais le fruit de process impersonnels, etc. La flexibilité n’entraîne pas cette altération positive que j’évoquais. Se plier dans tous les sens, ce n’est pas se former à la résistance ni à la fidélité à soi. Et elle poursuit :  la plasticité vous permet de résister à la sollicitation extérieure, de ne pas obéir tout de suite. C’est un principe de désobéissance intérieure.

Résilience, plasticité…et peut être alors, une attention aux signaux faibles ? Cela suppose une veille sur ces transformations silencieuses, à bas bruit, qui nous indiquent que quelque chose est en train de se passer. C’est vrai pour les entreprises, l’article  publié dans theconversation l’illustre. Mais c’est sans doute à une interrogation plus large que cela renvoie. Comment ne pas attendre d’être face au mur pour anticiper. Mieux écouter les « cygnes noirs » : Il s’agit ensuite d’identifier, à partir de ces signaux faibles, des ruptures possibles et des zones d’incertitudes majeures sur lesquelles il est possible de se baser pour faire des hypothèses d’évolution.

Anabella s’arrête. Y a t-il autre chose à entendre et à voir que cette somme interminable d’explications de commentaires. Pas très gais ? Pourtant, elle retrouve un extrait d’un livre de Steven Pinker qui l’avait perturbé, prenant le contre-pied des lamentations et autoflagellations contemporaines. Dans ce désastre annoncé, il y aurait d’autres lectures possibles ? La part d’ange en nous. Le titre est déjà un message : Si nous pouvons jouir de la paix que nous observons aujourd’hui, c’est parce que certains, parmi les générations antérieures, ont été consternées par la violence de leur époque et ont œuvré à la réduire.

Le message d’Hélios est un long mail :

Tu te rappelles la conférence de Claudine HAROCHE sur le devenir de l’intériorité dans l’accélération contemporaine. J’ai retrouvé mes notes. Elle dit : que devient la condition humaine quand l’homme y est privé d’un élément de permanence intérieure, d’un noyau et dans le même temps qu’il est obligé d’être constamment et entièrement visible ? Avec le confinement, nous en faisons l’expérience.

Pour ce soir, il nous faut une musique d’anges. Notre part d’anges en nous.
PS :  Olivier m’a appelé. Il prépare un territoire des confins à partir de son Fab Lab ? ça te dit ?
Car l’après Covid-19, c’est la seconde chance des Makers. Non ? Si tu ne me crois pas, lis ça ! 


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Crédit photo : Hervé Crepet Photographe

 

 

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